Renault. Pierre Bédier: oui aux subventions aux entreprises mais sans rien leur réclamer
Le Président du Conseil départemental vient de répondre au courrier que lui a adressé Armelle Hervé, secrétaire de la section du canton de Mantes-la-Jolie du PCF et conseillère municipale.
Pas très content qu'on lui demande des comptes, Pierre Bédier réalise un joli tour de passe-passe pour se justifier en indiquant qu'il n'accepterait pas que les entreprises se mêlent de la gestion du Conseil départemental (et donc ? La réciproque serait vraie).
Sauf que l'élu yvelinois oublie une chose: c'est que si les entreprises ne subventionnent pas les collectivités territoriales, en retour il s'agit bien de l'utilisation de fonds publics !
Est-il vraiment scandaleux que ces fonds publics soient accordés sous condition - de maintien de l'emploi et de la production par exemple ?
Une question d'autant bienvenue qu'on est en droit de se demander si l'action du Président du Conseil départemental a été vraiment aussi efficace qu'il veut bien le dire - à commencer par Dunlopillo ou encore Calcia-Gargenville dont il a lâché les salariés en rase campagne ?
Le 28 mai dernier, la direction de Renault a annoncé un plan d’économies de deux milliards d’euros, après l’octroi d’un prêt garanti par l’Etat de cinq milliards d’euros.
En France, cela se traduirait par la fusion et la fermeture de sites.
Pour la région mantaise, l’arrêt de la production de l’usine automobile de Flins d’ici 2024 ce serait 3600 emplois directs rayés de la carte.
Dans ce bassin d’emploi, les conséquences de cette nouvelle désindustrialisation se traduiraient par une sous-traitance sinistrée.
A Rosny-sur-Seine, l’entreprise ADIENT – producteur de sièges auto pour Flins par suite d’une externalisation de cet atelier – a programmé sa fermeture et donc 176 licenciements pour 2022 (deux ans avant celle de Renault Flins !).
Par ricochet, ce serait aussi désastreux pour les commerces locaux, les filières de formation, l’avenir de la jeunesse dans ce bassin de vie déjà fortement touché par la pauvreté.
Ce vaste plan d’économies ne se justifie aucunement. Renault a réalisé 25 milliards de profits ces dix dernières années. Cette entreprise a bénéficié d’aides diverses de l’Etat (crédits d’impôt, allègements de cotisations sociales, prêt garanti …) sans aucune contrepartie en matière d’emploi, de développement industriel. Mais aussi, sans aucun contrôle sur l’utilisation de cet argent public, versé à fond perdu.
Innover, ce n’est pas permettre à la Communauté urbaine GPSEO et au Département des Yvelines de devenir propriétaire du foncier pour reconvertir le site pour y maintenir une quelconque activité (laquelle ? avec quels emplois et combien ?).
Innover, c’est répondre aux besoins de la population, à l’avenir industriel de notre région.
A chaque niveau de responsabilité, du Président de la République et de son gouvernement aux élus locaux en charge de l’exécutif, tous se prononcent pour une relocalisation de nos productions. Il est urgent de passer des déclarations aux actes.
L’occasion vous est donnée de concrétiser le projet mis au point par des ingénieurs du Technocentre Renault (Guyancourt – 78) et financé, pour partie, par des fonds publics, comme le Crédit d’Impôt Recherche : l’EV3.
L’EV3 coche toutes les cases des exigences sociales et environnementales :
- Petite citadine électrique à un prix abordable : 10000 € maximum avec les aides de l’Etat.
- Autonomie de 120 km : 99% des trajets font moins de 150 km
- Ecologique : un bilan carbone moitié moins que la Toyota Yaris, par exemple.
… et qui pourrait être produite à Flins.
Comme elle s’était opposée à la Neutral-Twingo, en 1986, la direction de Renault refuse de passer à la phase industrielle arguant le fait que les marges ne seraient « que » de 12 à 13%. Puis récemment, le groupe annonce la fabrication d’un petit véhicule électrique « low cost » Dacia (Roumanie, Maroc ?) pour augmenter les marges pour satisfaire ainsi les actionnaires – dont l’Etat français.
Il est donc urgent d’imposer des exigences sociales dans leur stratégie industrielle.
En tant que Ministre, vous devez exiger un contrôle de l’utilisation des aides publiques versées.
En tant que Président du Conseil départemental, vous devez exiger du groupe Renault le maintien de l’usine automobile de Flins, la relocalisation et le développement de la production industrielle sur le site et l’annulation de tout licenciement.
Vous remerciant de l’attention que vous aurez bien voulu accorder à cette requête,
Armelle HERVE
Conseillère municipale de Mantes-la-Jolie
Secrétaire de la section du PCF