8 mai 2024. La Résistance mantaise ne sera pas oubliée
Mercredi 8 mai avec l'ANACR, les communistes de Mantes-la-Jolie déposeront deux gerbes:
- à 10h15 Stèle de La Résistance (en face de la gare de Mantes-la-Jolie)
- à 10h30 Cimetière de Gassicourt (où nous rendrons hommage à Roger Brunel, Emile Réaubourg et Camille Thibault fusillés il y a 80 ans au Mont Valérien ainsi qu'à Fernand Bodet fusillés quelques mois plus tard)
et nous appelons les Mantais à participer nombreux à cette initiative.
C'est que ces commémorations ont été réduites à une seule (aux "victimes de toutes les guerres" square Brieussel) depuis l'année dernière. C'est une véritable rupture avec ce qui se pratiquait depuis des dizaines d’années: quatre rassemblements, quatre lieux illustrant les diverses sensibilités de La Résistance française: place Delattre de Tassigny, cimetière de Gassicourt (où sont inhumés de nombreux résistants mantais), square de La Résistance (où chaque année étaient lus les noms de celles et ceux qui avaient donné leur vie), square Brieussel-Bourgeois.
Les communistes de Mantes-la-Jolie, seuls en tant que parti, avaient tenu à respecter chacune des composantes de La Résistance en déposant une gerbe à chacun des lieux de rassemblement.
On voudrait enlever des mémoires le rôle qu’ont joué les Résistants dans la victoire contre le nazisme, pour libérer notre ville qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Déjà en 2008 (Michel Vialay) puis en 2018 (Raphaël Cognet) avaient tenté de relever les tombes des Résistants au cimetière de Gassicourt et il avait fallu que les communistes s’y opposent publiquement pour rétablir dans leurs droits ces grandes figures mantaises qui ont souvent donné leurs noms à des rues de notre ville.
Roger Brunel. Un Résistant communiste mantais fusillé le 11 avril 1944
Roger Brunel c'est le nom d'une rue de Mantes-la-Jolie.
C'est aussi et surtout d'un Résistant communiste, cheminot, fusillé par les nazis.
Repris du blog de Roger Colombier
A l'occasion de l'hommage rendu par la République aux résistants fusillés au Mont-Valérien: Roger Brunel, agent au dépôt SNCF de Mantes-la-Jolie, responsable d'un groupe armé communiste, arrêté par la police française et fusillé au Mont-Valérien le 11 avril 1944 par les soldats allemands.
Une petite rue de Mantes-la-Jolie porte son nom, car il habitait cette ville. Roger Brunel ne parlera pas sous la torture, lui, responsable d'un groupe de résistance dans le Mantois, qui connaissait les identités des chefs régionaux des Francs tireurs et partisans français en la personne de René Martin et de Louis Racaud.
Avant l'Occupation, Roger Brunel fait le dos rond quand Paul Greffier, secrétaire général du syndicat des cheminots et communiste, s'en trouve exclu et est interné. Et aussi, ne dit-il rien quand ce même syndicat avalise la politique pétainiste. Mais quand Louis Racaud le contacte, il accepte sans hésitation de rejoindre l'embryon de résistants qu'il dirige dans le Mantois depuis août 1940.
Les deux hommes se connaissent, presque des voisins dans le quartier de Gassicourt. Le PCF, leur parti, est clandestin depuis son interdiction en septembre 1939. Le premier est ajusteur aux ateliers SNCF de Mantes, le deuxième sédentaire au service intérieur du dépôt, là où s'agencent les trains spéciaux mis en circulation par les nazis (marchandises pour l'Allemagne et convois militaires). Ils sont 6 500 Allemands, triés sur le volet, au sein de la SNCF, dans les points de commandements de l'entreprise française ou en ses endroits stratégiques. A Mantes, un Allemand tient son bureau à côté de celui du chef de dépôt. Les cheminots allemands vont être beaucoup plus au fur et à mesure des défaites de leur grand Reich.
Hitler a besoin que les chemins de fer français fonctionnent pour faire rouler son économie de guerre, ses trains de déportés, ses troupes et leur matériel.
Pour l'heure, les directives des résistants sont d'infiltrer le syndicat officiel pétainiste pour fomenter des revendications sans en être pris pour les meneurs. Il faut aussi collecter des fonds pour les camarades entrés en clandestinité ou emprisonnés. Voilà le rôle des Comités populaires instaurés par Benoît Frachon, clandestin depuis septembre 1939. Après vient bientôt l'Organisation spéciale, chargée de la lutte armée et du sabotage. Roger Brunel va en prendre la direction à l'intérieur de la SNCF, chef du G 27, soit 27 combattants par triangles de trois indépendants les uns des autres, comme le PCF fonctionne dans la clandestinité.
Le chef français du dépôt de Mantes rappelle le 15 août 1941, l'article 20 de l'ordre général du 1er juillet 1941: "interdiction aux agents de se livrer à des manifestations dans les emprises du chemin de fer. En conséquence, il est interdit aux agents de tous grades de se livrer à des manifestations de quelle nature qu'elles soient (politiques, religieuses, syndicales) et de faire une propagande quelconque à l'intérieur des gares, dépôts, ateliers, bureaux et autres lieux de travail situés dans les emprises du chemin de fer. Je pense qu'il aura suffit de rappeler ces prescriptions au personnel pour qu'elles soient rigoureusement respectées, sans qu'il soit besoin de prendre des sanctions qui pourraient être très graves contre les agents qui ne voudraient pas s'y confirmer". Mais les sabotages du matériel roulant, des rails et des locomotives ne vont plus cesser.
Lorsque les Francs Tireurs et Partisans Français s'organisent davantage, Roger Brunel assure la direction d'un groupe extérieur à la SNCF. Il est privilégié pour circuler, il dispose en tant que cheminot d'un laisser-passer signé par les occupants.
Ses actions prennent de plus en plus d'ampleur dans les emprises du chemin de fer et au-delà (plus de 25 interventions armés en dehors de la SNCF). Alertés par des policiers sympathisants, René Martin et Louis Racaud, sur ordres de l'état-major des FTPF, décident que Roger Brunel devienne clandestin. Trop tard.
Dans la nuit du 29 au 30 novembre 1943, la police spéciale française vient l'arrêter chez lui. 11 autres résistants sont pris de la même façon et emprisonnés à Mantes. Le matin, René Martin, qui est l'instituteur d'un de ses fils, apprend la nouvelle. Avec la complicité de deux gardiens de la prison, les FTPF s'organisent pour tenter l'évasion de leurs douze camarades. Trop tard aussi. Le procureur fait amener les prisonniers à Paris pour les remettre aux Allemands. Ses services envoie le message suivant à la Gestapo, lettre découverte dans les archives de l'ex-Seine-et-Oise:
Tous ces résistants seront exécutés ou assassinés en déportation
Roger Brunel est condamné à mort par un tribunal militaire allemand. il ne parle pas sous la torture, sauvant ainsi l'état-major régional des FTPF avec qui il entretenait des contacts quasiment permanents vu son rôle dans la résistance du Mantois.
Sa dernière lettre adressée à son épouse et à ses trois enfants, tirée de Le Mantois sous la botte, écrit par René Martin et Louis Racaud Président et Vice-président du comité clandestin de libération:
Roger Brunel fut enterré au cimetière d'Ivry. son corps fut rendu aux siens le 23 février 1945.
Il est enterré désormais dans le cimetière de Gassicourt. Un jour, les services administratifs de la ville signifiait que la concession de sa tombe était expirée (Roger Brunel n'a plus aucune famille dans la région depuis fort longtemps). Devant l'émoi soulevé par cette mesure bureaucratique indigne, une délibération municipale adoptait que les sépultures des "Mantais illustres" ne seraient plus remises en cause.
Né le 25 février 1925 à Mantes-Gassicourt (Mantes-la-Jolie, Seine-et-Oise, Yvelines), fusillé le 11 avril 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; mécanicien ; résistant au sein des FTPF.
Les Renseignements généraux parisiens réussirent à établir sa participation à plusieurs actions de résistance conduites par les Francs-tireurs et partisans (FTP). Livré aux Allemands, il fut traduit devant le tribunal de guerre FK 758 de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) de la Wehrmacht, qui le condamna à mort pour « actes de franc-tireur » le 31 mars 1944. Incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), il a été fusillé le 11 avril 1944 au Mont-Valérien par les autorités allemandes.
Une rue du nouveau quartier Henri-IV à Mantes porte son nom.
Mantes-la-Jolie : la tombe du résistant ne sera pas touchée
Menacée dans un courrier municipal, la concession d'Emile Réaubourg, fusillé par les Allemands en 1944, sera finalement maintenue à Gassicourt. La ville évoque un couac informatique.
12 août 1942. Mantes la Jolie. Quand Fernand Bodet attaquait l'école Ferdinand Buisson.
Michel BODET porte un nom bien connu à Mantes la Jolie puisqu'il s'agit aussi de la rue rejoignant la rue de Gassicourt au boulevard du Maréchal Juin en passant devant les deux lycées de notre commune.
La rue Fernand Bodet porte le nom d'un de nos résistants mantais: celui qui osa attaquer l'école Ferdinand Buisson où stationnaient les troupes d'occupation.
Son fils - Michel Fernand BODET - m'a fait l'honneur d'accepter de figurer sur la liste que je conduis. "En dernière place" m'avait-il précisé. Il a été exaucé bien entendu.
Je suis très fier de compter ce grand Monsieur dans ma liste.
Je reproduis, ci-dessous, l'article que j'avais consacré à son père le 26 septembre 2011.
Au cours des vacances scolaires de 1942, le groupe Ferdinand Buisson à Gassicourt est transformé en casernement pour les troupes d'occupation.
Après une surveillance exercée par les agents de renseignements, la Résistance connaît les heures et l'endroit où se pratique la relève des gardes.
Le groupe FTP (Francs Tireurs et Partisans créés par le PCF) passe à l'action dans la nuit du 11 août 1942, en partant d'un pavillon entouré d'un jardin de l'autre côté de la rue Ferdinand Buisson.
Après avoir franchi les clôtures, bien abrité de la vue de la sentinelle, le groupe de trois lance simultanément ses trois grenades au travers des grandes fenêtres de la classe servant de dortoirs.
Madame David, interviewé par le journal "Yvelines Renaissance" (hebdomadaire de la fédération des Yvelines du PCF qui deviendra ensuite "Yvelines-Dimanche") du 21 août 1974 déclare alors:
"Je me souviens très bien, j'ai entendu trois détonations, j'ai regardé ma pendule, il était 23 heures. Les Allemands hurlaient et s'enfuyaient en chemise. L'attaque avait eu lieu de notre jardin. Les officiers relevèrent les traces de pas dans notre jardin , car tout un coin avait été piétiné. Ils pensaient que mon mari avait participé à l'attaque. Or mon mari, qui était cheminot, était parti à Caen, ce qui était facilement vérifiable et le mettait hors de cause. Je leur dis très tranquillement: "allez vous renseigner au dépôt de Mantes!".
Pendant une semaine des chevaux de frise interdirent l'accès au quartier, seuls les habitants sur présentation de pièces d'identité pouvaient y circuler.
Les renseignements obtenus auprès d'un agent de police ami de la Résistance apprirent que le bilan de cette action était de deux tués et douze blessés parmi les Allemands. Quant à la presse locale, elle écrivit "qu'il s'agissait d'une bagarre entre soldats!".
Quelques jours plus tard, Fernand Bodet - qui en est à sa 14° action dans la région mantaise - est filé par la Gestapo et son arrestation devenue imminente, il quitte Mantes la Jolie pour la région de Tourville-la-Rivière où d'importantes responsabilités lui sont confiées.
Le 14 juillet 1944, des manifestations patriotiques se déroulent dans plusieurs endroits du département de l'Eure. Fernand Bodet doit organiser la protection des patriotes.
Sur la route, la voiture est interceptée par un barrage établi par les gendarmes allemands. Surpris, Fernand Bodet et ses camarades sont maîtrisés et fusillés dans les heures qui suivent.
Une stèle rappelle son sacrifice et une rue de Mantes la Jolie porte son nom.
(Source. "Le Mantois sous la botte" de René Martin et Louis Racaud)
René Martin, après la mort de Louis Cauzard, devint Président du Comité de Libération clandestin. Elu conseiller général de Mantes la Jolie en 1967, il devint maire de Mantes la Ville en 1977. Décédé le 20 décembre 2010, j'ai proposé au maire de Mantes la Jolie qu'une rue ou qu'un édifice porte son nom. Refus du maire de Mantes la Jolie.
Louis Racaud fut Vice-président du Comité de Libération Clandestin. Syndicaliste cheminot, il occupa d'importantes responsabilités syndicales. Il fut également élu conseiller municipal communiste de 1977 à 1989.