Le Parisien. Mantes-la-Jolie : frais de bouche et de représentation... le député Michel Vialay entendu par la police judiciaire
Les enquêteurs souhaitaient recueillir ses explications sur d’importants frais de restaurant engagés lors d’une partie de son mandat. Cette audition fait suite à un rapport de la chambre régionale des comptes sévère à son endroit.
C’est une audition qui tombe mal pour Michel Vialay. À trois mois des élections législatives, le député (LR) de la 8ème circonscription des Yvelines a été entendu mardi matin par les enquêteurs de la police judiciaire dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte l’an passé. Il a dû s’expliquer sur ses frais de bouche et de représentation du temps où il était maire de Mantes-la-Jolie, entre 2005 et 2017.
Pendant près de deux heures, le député a notamment détaillé ses dépenses de restaurant, estimées à près de 1 000 euros mensuels, toutes réglées par la municipalité. En 2015, la note s’était même élevée à 14 602 euros. En décembre 2016, il avait également dépensé 301,85 euros de langoustes à Dakar (Sénégal) dans le cadre de la coopération décentralisée. L’addition avait été sévèrement appréciée par les habitants de Mantes-la-Jolie… et la chambre régionale des comptes, auteure d’un rapport au vitriol rendu public en octobre 2020.
Absence de délibération, imputation comptable irrégulière...
Les magistrats n’ont jamais été convaincus de l’intérêt de toutes ces dépenses pour la commune, en dépit de leur caractère professionnel. Surtout, elles seraient entachées d’une irrégularité manifeste : « absence de délibération, de crédits et imputation comptable irrégulière ». peut-on lire dans ce rapport.
C’est autour de ce dernier point que s’articule la défense de Michel Vialay. « La chambre n’a jamais remis en cause, dans le fond, la pertinence de ces dépenses. Elle a seulement estimé que les procédures n’étaient pas respectées », insiste-t-il aujourd’hui. Selon lui, ces notes de restaurant s’expliquent par la nécessaire représentation du maire d’une « commune d’importance » de 40 000 habitants.
« Les quelque 10 000 euros annuels n’ont donc rien d’extravagant », se défend l’ancien maire
Chefs d’entreprise, élus, représentants de l’État, journalistes… Les déjeuners professionnels réguliers font aussi partie de la fonction. « En invitant trois, quatre ou cinq personnes par semaine au restaurant, à raison de deux déjeuners hebdomadaires, l’addition grimpe vite à 250 euros hebdomadaires. Les quelque 10 000 euros annuels n’ont donc rien d’extravagant, argue-t-il. Quand il faut aller chercher des subventions, des aides pour un projet, les discussions se font souvent autour d’un repas. »
Cette audition libre n’est pas vraiment une surprise. La tonalité du rapport de la chambre régionale des comptes laissait présager des suites judiciaires lors de sa publication, à l’automne 2020. D’autant que quelques semaines plus tard, le conseiller municipal d’opposition Marc Jammet (PC) avait écrit à la procureure de Versailles pour lui demander d’ouvrir une enquête. En juin 2021, l’association Anticor transmettait, à son tour, un signalement au parquet de Versailles. Car en plus des notes de restaurant, l’achat de quelques fournitures de luxe avait étonné les enquêteurs : un carré Hermès pour 490 euros en avril 2015, une cravate Hermès pour 155 euros en juillet 2015, des cadeaux Hermès pour 847 euros en novembre 2015… Là aussi, l’ancien maire avait mis en avant l’intérêt collectif des frais engagés.
Mantes-la-Jolie : un élu saisit la justice pour dénoncer la gestion des finances de la ville
L'élu d'opposition (PCF) Marc Jammet souhaite que la justice enquête sur le fonctionnement de la mairie, après la publication en octobre dernier d'un rapport de la Cour des comptes.