60 milliards par mois pour faire baisser les dettes nationales? Bah non!
60 milliards par mois pour faire baisser les dettes nationales? Bah non!
On aura beaucoup entendu sur la décision de la Banque Centrale Européenne d’injecter chaque mois 60 milliards d’euros jusqu’en septembre 2016 – soit 1.100 milliards d’euros soit encore 7.000 euros par citoyen européen.
Cette décision, applaudie par Syriza avant même son arrivée au pouvoir et bien d’autres forces politiques, ne consiste pourtant pas à diminuer la dette des états.
Non, elle consiste simplement à racheter les titres possédés par les détenteurs publics et privés. Ca n’est pas tout à fait la même chose.
En gros, j’ai acheté de la dette nationale (oui oui c’est comme ça qu’on dit), je possède donc « un produit » qui me rapporte bon an mal an 2% si c’est de la dette française, 10% si c’est de la dette grecque.
Je peux me contenter de toucher les intérêts et de consacrer le capital qu’on me rembourse à racheter de la dette, je peux aussi revendre mon produit ou une partie de mon produit en tentant de faire plus encore de profits qu’il ne m’en rapporte.
Bah là ça va être facilité parce que c’est le BCE elle-même qui va me proposer de me racheter mon produit.
A quel prix ? Bah c’est moi qui vais en décider et il est peu probable que je lâche « mon produit » sans la garantie de faire une belle plus-value. Autrement dit, la BCE va commencer à acheter les dettes plus chères qu’elles ne valent réellement.
Pour quoi faire ? Bah ce que dit la BCE, c’est qu’une fois qu’elle m’aura racheté mon produit, je vais m’interroger sur ce que je peux faire de mon capital réalisé. Et que donc, sans doute, je vais alors l’investir sur un placement un peu plus risqué – les entreprises par exemple.
Mais rien n’est moins sûr.
Car les sous qu’on m’aura donnés, je peux évidemment en faire ce que je veux.
Et les investir par exemple massivement dans la spéculation sur l’alimentation au plan mondial (ça marche bien ça quand il n’y en a pas assez pour tout le monde) ou sur les armes (ça marche bien quand la haine se répand) voire contre les états ensuite puisque rien ne m’en empêche.
C’est même pour cela que la BCE, finaude, a prévu que ce sont les banques nationales qui prendront « les risques » à 80% en cas de dérapages ….
Et pour les états, ça va changer quoi ?
Leur dette ? Bah ce sera la même – sauf qu’ils la devront un peu plus à la BCE qu’aux investisseurs privés (les compagnies d’assurance notamment).
Enfin, un peu moins si l’on tient compte que cet apport massif de capitaux va relancer l’inflation et dévaloriser l’euro par rapport au dollar et donc que, grosso-modo, la dette des états exprimée en euros vaudra un peu moins en dollars (et c’est ce qui semble compter après tout).
Ca va relancer l’emploi tout ça ? A voir …
Ce qui est certain, c’est que ceux qui ont spéculé contre les dettes des états vont être bien indemnisés et qu’ils vont pouvoir surinvestir ailleurs – dans les entreprises aussi puisque c’est le but, des entreprises à qui ils vont réclamer des retours d’investissements juteux (dame, on n’investit pas pour rien) avec le risque d’un nouveau développement de licenciements boursiers ?
Enfin pour terminer ce petit commentaire, la BCE n’a pas exploré une piste : celle d’injecter ces 60 milliards d’euros pour les salaires (et donc pour le retraites, la sécurité sociale, les services publics …)
Au fait, elle n’y a pas pensé ou elle ne l’a tout simplement pas voulu?