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Le blog de Marc Jammet.

80° anniversaire du Conseil national de La Résistance à Mantes-la-Jolie

28 Mai 2023, 09:32am

Publié par Marc Jammet

" Dès 1945, ce programme novateur a permis la mise en place de la Sécurité Sociale par Ambroise Croizat ministre communiste ; de larges nationalisations de l’industrie (comme Renault), du secteur bancaire, des transports, du secteur de l’énergie (EDF-GDF), mais aussi donné des droits nouveaux aux salariés par la création des comités d’entreprise ou encore par la création du statut de la Fonction publique. Et enfin, les régimes spéciaux de retraite, une vraie retraite décente pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses. 

Ces femmes et ces hommes réussirent l’exploit de construire, dans une France ruinée et en quelques mois, un modèle social unique au monde. Le Programme du Conseil National de la Résistance qui constituerait après-guerre une France solidaire, fraternelle et souveraine, pour, je cite : « faire en sorte que l’intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées non point au profit de quelques-uns mais au profit de tous, que les coalitions d’intérêt soient abolies une fois pour toutes »" Sophie Boyer, au nom du Comité de Mantes-la-Jolie de l'ANACR (Association nationale des anciens combattants de La Résistance).

Vous trouverez, ci-dessous, l'intégralité de l'intervention prononcée samedi 27 mai au square de La Résistance à Mantes-la-Jolie lors de la commémoration officielle en présence de Monsieur le Sous-préfet et des représentants du Maire de Mantes-la-Jolie.

 

ll y a 80 ans le 27 mai 1943, dans Paris occupé, se tient la 1ère réunion du Conseil National de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin, Préfet républicain de Chartres révoqué par l’administration de Pétain. Y sont présents les 8 principaux mouvements de la Résistance : 5 de la zone Nord – 3 de la zone Sud, ainsi que les 6 partis clandestins ; Communiste, Socialiste, Radical, Démocrates chrétien, Alliance démocratique, Fédération républicaine et les deux centrales syndicales : CGT et CFTC.

Depuis la défaite, Pétain avait installé le 10 juillet 1940 un régime de répression aux ordres de l’occupant.

Répression contre les patriotes et les démocrates qui, par dizaines de milliers seront pourchassés, torturés, massacrés, fusillés, déportés dans les camps de concentration. Il s’associera à la déportation de 70 000 hommes, femmes et enfants juifs français le 16 juillet 1942, la sinistre « rafle du Vel d’hiv » 

Les premiers réseaux de Résistance étaient nés dès l’automne 1940 et des journaux comme Libération, Combat, l’Humanité, Témoignage Chrétien ou le Populaire reparaissaient dans la clandestinité.

Des hommes et des femmes qui refusaient la capitulation du pays, la suppression de la République et des libertés, continuaient le combat. Le 27 mai 1943 rue du Four Jean Moulin, l’envoyé du général De Gaulle réunissait pour la 1ère fois le Conseil National de la Résistance et voyait ainsi aboutir un long et laborieux processus d’unification de la quasi-totalité des mouvements, partis et syndicats qui œuvraient dans la clandestinité. De ce jour, la résistance de chacun d’entre eux n’en faisait plus qu’une seule : « LA Résistance »

Face au péril, ils avaient su surmonter leurs désaccords, leurs divergences afin de relever le défi auquel la France était confrontée. La collaboration du régime de Vichy avec l’ennemi l’avait déshonorée et déconsidérée. La guerre finie, la France courrait le risque de figurer parmi les vaincus et d’être placée sous la tutelle des Alliés. Pire, elle pouvait se voir amputée une partie de son territoire. Empêcher ce scénario, voilà le défi que devait relever les patriotes.

Le Conseil National de la Résistance a donc eu la charge de coordonner les efforts politiques et militaires afin de contribuer, avec les Alliés, à la libération du pays et d’en hâter l’avènement. Il permit la mise en place dès la fin 43 des comités locaux et départementaux de la Libération, la création des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) ainsi que l’élaboration du programme du Conseil National de la Résistance « Les Jours Heureux »

Il s’agissait de construire un programme social, économique et politique pour redresser la France et répondre aux attentes et besoins du peuple français

Le 3 novembre 1943, Charles de Gaulle a déclaré : « La France est résolue à des profondes transformations, elle veut faire en sorte que demain, la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêt privé ».

Dès 1945, ce programme novateur a permis la mise en place de la Sécurité Sociale par Ambroise Croizat ministre communiste ; de larges nationalisations de l’industrie (comme Renault), du secteur bancaire, des transports, du secteur de l’énergie (EDF-GDF), mais aussi donné des droits nouveaux aux salariés par la création des comités d’entreprise ou encore par la création du statut de la Fonction publique. Et enfin, les régimes spéciaux de retraite, une vraie retraite décente pour tous les travailleurs et toutes les travailleuses. 

Ces femmes et ces hommes réussirent l’exploit de construire, dans une France ruinée et en quelques mois, un modèle social unique au monde. Le Programme du Conseil National de la Résistance qui constituerait après-guerre une France solidaire, fraternelle et souveraine, pour, je cite : « faire en sorte que l’intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées non point au profit de quelques-uns mais au profit de tous, que les coalitions d’intérêt soient abolies une fois pour toutes »

Ironie de l’Histoire, c’est au moment où l’on fête le 80ème anniversaire de ce programme que le gouvernement tente de mettre à bas toutes ces avancées démocratiques, sociales et économiques qui ont fait de notre pays, à l’époque, l’un des pays avec un modèle social les plus avancés.

Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».

Le 27 mai est inscrit dans le calendrier mémoriel de la Nation pour rappeler les valeurs humaniste, démocratique et patriotiques qui inspirèrent le combat de la Résistance. Il s’inscrit dans le devoir de mémoire à l’égard de ceux et celles qui ont combattu pour la Liberté. Mais il doit aussi nous inciter à nous dresser contre les atteintes aux libertés et à la dignité humaine, à la résurgence du fascisme dans ce qu’il a de xénophobe, raciste et discriminant mais aussi par son expression dans la répression contre le peuple.

Du chaos de l’été 1940 à la promesse de l’aube du printemps 1943, comme l’a dit l’écrivain Georges Bernanos : « La plus haute forme d’espérance, c’est le désespoir surmonté » C’est une leçon pour nous, aujourd’hui en ces temps difficiles.

                    Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance

                     Comité d’Arrondissement de Mantes la Jolie

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