Ce ne sont pas les salaires qui ont fait exploser l’inflation

15 Novembre 2022, 08:12am

Publié par Marc Jammet

C’est pourtant au nom de la lutte contre l’inflation que de Mitterrand à Macron, en passant par Chirac et Sarkozy, on nous avait « vendu » l’Europe.

Maastricht, traité constitutionnel européen, déficit des états limités à 3% du PIB, Banque Centrale Européenne .. tous devaient contribuer à juguler cette inflation.

Et « sur le papier » cela marchait avec une inflation passant en quelques années de plus de 10% à 2% en moyenne.

Bon, on s’était bien aperçu que cela servait à justifier le refus d’augmenter des salaires qui stagnaient …

PATATRAS

Et puis depuis le début de l’année 2022, l’inflation explose … après que le pouvoir d’achat des salaires a constamment régressé. Ce qui veut dire aussi que les produits dont les prix explosent ne coûtent pas plus cher à produire.

BIZARRE, VOUS AVEZ DIT BIZARRE ?

Pour essayer d’y voir plus clair, il n’est donc pas inutile d’essayer de décrypter à grands traits de quoi il est question.

En effet la valeur d’un produit n’est définie que par la valeur attribuée au travail (et sa plus-value).

Par exemple, l’eau à l’état naturel est gratuite mais celle qui coule dans notre robinet est payante. C’est qu’il a fallu la traiter.

Et le prix que nous payons eh bien c’est la rémunération du travail nécessaire et … le profit des multinationales (la plus-value qu’elles s’approprient).

Cette plus-value peut être « socialisée » (les taxes et les impôts par exemple qui pourraient servir pour construire des écoles, former et rémunérer les enseignants, réaliser des routes, des chemins de fer …) ou servir de « profits » dans notre société capitaliste (Je détiens les moyens de production, je paie les salaires et ce qu’il reste je me l’approprie – comme le dit notre ministre Bruno Lemaire : « il faut que l’activité des entreprises leur soit « profit-ables »).

TOUT CE QUI DEVIENT RARE DEVIENT PLUS CHER

Le tout dans une société de « concurrence libre et non faussée » qui fait que tout ce qui devient rare devient plus cher même si cela ne coûte pas plus cher à produire.

C’est le cas aujourd’hui de l’énergie (électricité, gaz, pétrole mais aussi, guerre en Ukraine mise à contribution, … la moutarde de Dijon).

AVEC LA MEME QUANTITE DE TRAVAIL, ON ACHETE MOINS

Et l’inflation explose !

Autrement dit, avec la même quantité de travail, on achète moins.

Autrement dit encore : le pouvoir d’achat des salaires baisse.

Mais si on achète moins avec la même quantité de travail, où est passé la différence ?

Il suffit de constater la multiplication de la fortune de quelques-uns (regardez le CAC 40) pour en avoir une petite idée.

UNE CATASTROPHE SOCIALE

Et ce sont pourtant les mêmes qui pleurent quotidiennement sur les difficultés insurmontables des « entrepreneurs » alors que l’impôt sur les bénéfices des sociétés est passé en quelques années de 50 à 25%, que les allègements se multiplient au point que payer au SMIC un salarié n’engendre pratiquement plus de cotisation patronale affaiblissant du même coup retraites ou sécurité sociale …

Au final s’il est vrai qu’hier les entreprises (les grandes) se servaient de l’inflation pour amoindrir voire annuler les augmentations de salaires qu’elles avaient dû consentir, aujourd’hui cette même inflation réduit considérablement le pouvoir d’achat des salaires … et comme son nom l’indique (pouvoir d’achat) des achats induits pour les entreprises (généralement les petites, les commerces de proximité …).

LE SERPENT QUI SE MORD LA QUEUE

Cela ressemble fortement au « serpent qui se mord la queue » ou autrement dit à la contradiction existentielle du capitalisme (plus il prospère, plus il se détruit – jusqu’à la guerre).

Résister, s’organiser, cela passe par l’augmentation des salaires – de la rémunération du travail.

AVEC MOINS DE TRAVAIL, SOMMES-NOUS CAPABLES DE SATISFAIRE NOS BESOINS ?

Car si on veut bien oublier quelques instants ce qu’on serine sur l’argent (qui n’est qu’un outil d’échanges qu’il soit matérialisé (billets) ou non) la question n’est-elle pas plutôt « sommes-nous capables de produire de quoi satisfaire nos besoins, avec moins d’heures de travail, en assurant à chacun une retraite décente ? »

Et sans conteste, la réponse est OUI.

Surtout quand l’on sait que la productivité du travail a été décuplée en quelques dizaines d’années.

Alors oui, lutter, s’organiser pour augmenter les salaires, c’est un besoin ET une nécessité pour notre société.