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Le blog de Marc Jammet.

« MON ESPACE SANTÉ » : ATTENTION À NE PAS CREUSER LA FRACTURE NUMÉRIQUE

15 Février 2022, 08:30am

Publié par Marc Jammet

Article publié par franceurbaine.org le 4 février 2022

« Mon espace santé », carnet de santé en ligne, va être proposé et généralisé aux 65 millions d’«assurés sociaux ».

En suspens, de larges enjeux de confiance et de médiation numériques, attribuant aux collectivités locales un rôle notoire.

Numérique en santé : le spectre de la médiation numérique

A l’initiative de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et de la délégation du numérique en santé du ministère des Solidarités et de la Santé, une réunion mobilisant les associations d’élus a permis de préciser le périmètre de « Mon espace santé », plateforme – et demain une application – agrégeant documents de santé et profil médical (antécédents médicaux, vaccinations, allergies...).

La réunion a surtout permis de mettre le projet en corrélation des politiques de médiation numérique, et des répercussions qu’il pourrait avoir sur la fracture numérique.

Pour cela, l’ANCT et le ministère des Solidarités et de la Santé souhaitent s’appuyer sur le réseau des Conseillers Numériques France Services.

Plus largement, il s’agit de structurer « un réseau de coordonnateurs régionaux en charge de former et d’animer les acteurs de la médiation, professionnels et bénévoles, pour qu’ils puissent sensibiliser et accompagner le grand public sur les enjeux du numérique en santé et la prise en main de Mon espace santé. »

Cette stratégie territoriale d’accompagnement des conseillers numériques et des bénévoles pose la question de l’outillage visant à la sensibilisation et à la pédagogie, mais obère néanmoins le « report » que ce projet fera reposer sur les mairies. 

En première ligne, les secrétaires et agents de mairie seront inévitablement sollicités, questionnés sur l’utilisation et les usages de « Mon espace santé » : outre l’importance d’un message global précisant que les médiateurs numériques, secrétaires de mairie ou tout autre opérateur de médiation numérique ne sont pas en mesure d’intervenir concernant les procédures et démarches sanitaires, il s’agira de veiller à structurer les liens entre organismes de santé, tels que la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM), et les structures de médiation numérique.

Plus que jamais, le lancement de « Mon espace santé » questionne la fluidité des parcours locaux de médiation et la capacité des acteurs à se structurer pour prendre en charge les usagers en demande.

Elle relance également l’impérieuse nécessité d’aller chercher les publics empêchés, tandis que les liens évidents avec France Connect mériteront également une pédagogie particulière.

Un cas d’usage pour une société numérique de confiance et responsable

Le lancement de « Mon espace santé » interfère avec une séquence présidentielle propice aux contributions et interpellations.

France urbaine, qui dispose d’une commission "Numérique et innovation" commune à Intercommunalités de France et Les Interconnectés, entend préciser le rôle et l’impact dont disposent les exécutifs locaux, au premier rang les grandes villes, grandes agglomérations et métropoles, pour consolider les assises d’une société numérique de confiance et responsable.
Si les pendants numériques de l’éthique et de la souveraineté sont repris dans la contribution à venir, il s’agit également d’affirmer que, si la dématérialisation permet de faciliter l’accès à des démarches ou pièces administratives, elle ne constitue en aucun cas l’alpha et l’omega du service public du XXI° siècle.

La contribution en question porte en préambule le message politique appelant à réinvestir et reconsolider des services publics de proximité portés par des agents publics et inscrire la dématérialisation en appui et non en contrainte.
Si des moyens dédiés à la médiation numérique doivent être consolidés, « Mon espace santé » et plus généralement le numérique en santé seront des « cas d’usages » permettant de jauger la capacité d’actions des pouvoirs publics, en termes d’appui et d’accompagnement à la dématérialisation, de sensibilisation aux données, de mobilisation des publics dits « empêchés » et « éloignés ».
Dans l’esprit, la France a disposé d’une Charte éthique du numérique en santé signée à l’échelon européen, précisant les droits des citoyens en matière de données de santé et assortis de grands axes : inscrire le numérique en santé dans un cadre de valeurs humanistes, donner la main aux personnes sur le numérique et sur leurs données de santé, développer un numérique en santé inclusif, mettre en œuvre un numérique en santé éco-responsable.

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