Le Parisien. Yvelines : les placiers du marché du Val-Fourré auraient empoché deux millions d’euros
Les quatre hommes ont été mis en examen fin avril avant d’être écroués. Ils sont soupçonnés d’avoir racketté les commerçants de ce marché de Mantes-la-Jolie.
C’était des places en or ou plutôt qui valaient de l’or. Quinze jours après la mise en examen et le placement en détention provisoire d’un employé municipal et de trois placiers du marché du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie, âgés de 31 à 40 ans, les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles estiment que les racketteurs des 350 commerçants d’un des plus gros marchés d’Île-de-France auraient empoché deux millions d’euros en dix ans.
« Certains commerçants ont expliqué avoir dû remettre aux placiers de 3 000 à 20 000 € pour garder une place attractive »
« Certains ont expliqué de manière anonyme qu’à l’été 2018, ils ont dû remettre aux placiers des sommes allant de 3 000 à 20 000 € pour garder une place attractive sur le marché à l’occasion de son déplacement un peu à l’écart de la dalle centrale du quartier », souligne une source proche de l’affaire.
Le 5 avril dernier, les forces de l’ordre avaient mené une opération de contrôle au marché. Ils avaient découvert que les placiers avaient 2 200 € en poche mais ne pouvaient justifier que 1 270 € de recette avec des tickets. Aussitôt après, les placiers ont organisé un blocage du marché, avec des soupçons de pression sur les commerçants pour qu’ils ne déballent pas leur marchandise.
Trois suspects nient, le quatrième reconnaît avoir touché des pourboires
Le maire de Mantes-la-Jolie, Raphaël Cognet (LR) a été entendu par les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles. L’édile a confirmé qu’il avait été destinataire de courriers anonymes concernant les placiers : « Je ne pouvais rien en faire en raison de leur anonymat. Mais quand j’ai commencé à recevoir des lettres un peu plus solides, avec des noms, j’ai transmis au commissariat », assurait-il récemment dans nos colonnes.
En garde à vue, trois des suspects ont nié les faits. Seul le quatrième a concédé avoir touché des pourboires d’environ 450 € par mois de la part des commerçants. « Mon client est un simple travailleur, souligne l’avocat d’un des placiers. Ce dossier ressemble à un règlement de compte sur fond de changement de gestion du marché ». L’enquête n’a pas permis de mettre en lumière un niveau de vie luxueux ou l’acquisition de biens au-dessus de leurs moyens. La défense des suspects conteste l’estimation de la police et estime que le dossier est une construction intellectuelle qui manque de preuves formelles.