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Le blog de Marc Jammet.

Croyants et non-croyants. Un débat apaisé qui en appelle d'autres

19 Octobre 2015, 06:13am

Publié par Marc Jammet

Croyants et non-croyants. Un débat apaisé qui en appelle d'autres

C'est à un débat exceptionnel à Mantes-la-Jolie auquel avait appelé l'association "Une Gauche Debout" et auquel, le 10 octobre dernier, ont répondu un peu plus d'une quarantaine de personnes.

 

Armelle HERVE, d'entrée, a présenté ce débat comme visant à donner du sens au concept de laïcité.

 

Autour de l'égalité des droits, il est devenu aujourd'hui un enjeu de société - d'autant plus quand certains visent à le transformer en principe d'exclusion.

 

Pour le Père Matthieu WILLIAMSON, la laïcité est à replacer dans son histoire (des sociétés antiques où un peuple est assimilé à sa religion et où le souverain est lui-même Dieu à la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat en passant par l'édit de Milan (Emprereur Constantin et liberté religieuse au 3° siècle) qui ne perdurera que 65 ans (la religion devenant obligatoire), l'édit de Nantes révoqué par Louis XIV, l'édit de tolérance en 1787 reconnaissant la liberté religieuse aux protestants et aux juifs, la Révolution française avec la déclaration majeure des Droits de l'Homme ...).

 

Pour lui, la conception chrétienne de la laïcité peut se caractériser par la séparation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel.

 

"Les Chrétiens se conforment aux lois établis dans chaque pays".

 

Citant Vatican II qui a 50 ans cette année (liberté de conscience mais l'Eglise dit son mot sur tout ce qui s'exerce deans le Monde), il définit également la laïcité par ce qu'elle n'est pas: ni l'absence de religion ni la neutralité.

 

Hamza GARRUSH se félicite tout d'abord de l'organisation d'un tel débat: un espace où on peut discuter.

 

Pour lui, "la laïcité, on en parle beaucoup et on en fait peu".

 

Revenant sur la loi de 1905 et citant Jean Jaurès qui la qualifiait de "loi de trève, de loi de Paix", il estime que c'est une disposition positive pour les habitants et les religions.

 

Il indique que la question de la place de la religion musulmane en France a ses propres particularités, d'une part parce que sa présence est assez récente, d'autre part parce que les musulmans décideront très tôt de ne pas se prononcer en politique jusqu'à la colonisation.

 

"De ce fait, tout ce que fait le Musulman reste du domaine de l'humain".

 

Il estime que la laïcité est souvent érigée de manière péremptoire alors qu'elle devrait constituer une solution pour vivre ensemble (jusqu'à l'école en mettant en application "la laïcité économique" qui permettrait de ne pas différencier les enfants selon les revenus de leurs parents).

 

Pour Marc JAMMET, la laïcité n'a pas de définition précise (un dogme devant lequel chacun devrait s'incliner) mais une histoire.

 

Il estime que cette vision est importante au moment où on assiste à de nombreuses dérives (tentatives de diviser la population entre musulmans et chrétiens avc certains maires qui souhaitent "trier" les migrants par exemple ou à l'extrême, la laïcité qui serait l'injonction faite aux croyants de se taire).

 

De fait, pour lui, la laïcité est intrinsèquement liée aux idéaux de La République.

 

La laïcité n'est pas la négation du fait religieux mais l'établissement et la reconnaissance de sa place dans notre société (Karl Marx lui-même définissait la religion comme un fait social).

Cela n'interdit pas d'en débattre , bien au contraire!

 

La laïcité est un concept vivant, il est donc important de lui donner du sens. Pour lui cela passe par deux préalables: mieux se connaître et se "RE-connaître" pour ce que nous sommes. Ce qui ne signifie pas qu'on soit d'accord sur tout.

 

Et si la laïcité est en mouvement alors il faut pouvoir l'interroger, indique-t-il en citant quelques exemples de son mandat d'élu (carré muisulman au cimetière de Gassicourt ou encore les écoles privées ...)

 

Il concluait enfin son intervention en citant un sociologue reçu il y a quelques années à la direction nationale du PCF: "Vous les communistes, vous partagez une chose avec les croyants, c'est que vous pensez qu'il y a du plaisir à donner".

 

Un débat très riche s'est ensuite construit.

 

"Des politiques qui se servent des religions à des fins politiques" ou le contraire ("La religion prend le pas sur le politique") au sentiment (adressé à la religion musulmane) qu'on "a l'impression que personne ne maîtrise plus rien" en passant par l'ignorance qui favorise les dérives sectaires (Père Matthieu Williamson puis Hamza Garruch qualifiant le djihadisme actuel de phénomène sectaire) ou, reprenant l'instrumentalisation politicienne ("le refus de la mosquée par le Front national à Mantes-la-Ville en lui opposant la construction d'un poste de police porte en lui un message subliminal: muslmans = insécurité" dira Marc Jammet) avant qu'un participant ne résume l'état d'esprit général: "la laïcité c'est l'acceptation de l'autre tel qu'il est - et dans la réciprocité".

 

Et maintenant, il ne reste plus qu'à mettre en oeuvre non?

 

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