Manifester, oui. Instrumentaliser, non.
Manifester, oui. Instrumentaliser, non.
La mort a encore frappé hier ajoutant quatre nouvelles victimes, dont le seul tort était leur confession supposée, à l’horrible liste.
L’émotion est immense en France. Je la partage.
Depuis mercredi, un cran a été franchi dans l’immonde avec deux commandos synchronisés assassinant froidement des femmes et des hommes parce qu’ils participent à la liberté d’expression, parce qu’ils sont policiers ou parce qu’ils sont supposés être de confession israélite.
Ces deux commandos de quelques hommes et femmes ont mis en pratique une stratégie terroriste qui doit tout au fascisme : frapper de la manière la plus cynique qui soit tout en se revendiquant d’une religion.
La mission qu’ils se sont fixée apparaît clairement : amalgamer une communauté à leurs actes, provoquer une vague de racisme et de violences à l’encontre de cette communauté et, en réaction, parvenir à radicaliser une partie d’entre elle.
IL NE FAUT PAS TOMBER DANS LE PIEGE TENDU.
Je réaffirme que la réponse doit être la dignité, le refus déterminé de l’amalgame, le vivre-ensemble.
Au-delà de l’émotion, il faut également agir pour que tels faits ne se reproduisent pas et ne pas fermer les yeux sur les responsabilités dans la douleur que nous ressentons tous aujourd’hui.
Car le piège du 11 septembre aux Etats-Unis « justifiant » l’attaque d’un pays – L’Irak – qui n’avait rien à voir avec ces faits, la mort de milliers de ses citoyens, la torture généralisée par des forces spéciales a créé les conditions objectives d’une montée en puissance des obscurantistes, au point qu’ils en arrivent à contrôler et à soumettre dans le sang une partie du territoire.
Cette soumission des populations étant confortée par l’achat de pétrole à moindre coût provenant de ce même territoire par plusieurs pays occidentaux – notamment européens.
Ces conditions ont encore été renforcées par les interventions françaises et européennes en Lybie (livrant depuis ce pays à la merci de bandes rivales armées) ou le soutien financier (et donc militaire) à « Daech » en Syrie.
AU-DELA DE L’EMOTION, C’EST DONC BIEN LA POLITIQUE EXTERIEURE
DE LA FRANCE QU’IL FAUT RECONSIDERER.
Une politique qui vise à renforcer les valeurs de paix et de solidarité, qui s’affranchisse enfin du colonialisme et de l’exploitation éhontée des populations et de leurs ressources, qui ait le courage de sanctionner économiquement, sans géométrie variable selon « les intérêts économiques » les régimes foulant aux pieds les droits de l’Homme.
C’est cela que pourrait notamment exprimer une grande manifestation républicaine et progressiste.
TOUT AUTRE EST LE RASSEMBLEMENT AUQUEL A APPELE HIER
FRANÇOIS HOLLANDE.
Après qu’il y a à peine six mois, il interdisait les manifestations de solidarité face à l’agression que subissaient les Palestiniens de la bande Gaza, n’épargnant ni les hôpitaux et les écoles,
après avoir repris la main sur le premier appel de plusieurs partis de gauche et en avoir changé la date,
le gouvernement en appelle maintenant à « l’union sacrée » (incluant les adhérents du Front national qui appelle ouvertement au racisme) pour justifier sa politique d’interventions avec le soutien physique des premiers dirigeants européens et celui des Etats Unis.
Comme tout un chacun, je suis meurtri par la violence aveugle qui vient de frapper notre pays et je tiens à l’exprimer.
Mais de là à ce qu’on instrumentalise ma douleur et mon émotion en me faisant marcher aux côtés des adhérents du Front national, de Nicolas Sarkozy ou encore d’Angela Merkel sous la houlette de l’oncle Sam, il y a un pas … que je ne franchirai pas.
Le 10 janvier 2015.
Marc Jammet
Conseiller municipal de Mantes la Jolie.