CAMY. Faut-il échanger un "Santini" contre un "Martinez"?
CAMY. Faut-il échanger un « Santini » contre « un Martinez » ?
C’est ce qu’on serait tenté de croire en lisant les commentaires qui se multiplient depuis l’élection à une voix près et avec l’appoint de voix du Front national et de gauche de Monsieur Martinez, président de la CAMY.
Et, pour mieux justifier « l’injustifiable », certains se lancent dans la perspective ouverte de « bonne gestion » de la CAMY sur la lancée de ce qu’elle a déjà réalisé. Monsieur Martinez ne dit pas autre chose en souhaitant que les amis de Monsieur Santini aient leurs vice-présidents (la gauche étant, elle, associée …. mais dans les commissions). Autrement dit, après s’être écharpé, on peut gouverner ensemble dans le même sens.
Mais, au fait, qu’a donc pu réaliser la CAMY pour être autant encensée ?
Un rapport de la Cour des comptes insistait, par exemple, sur le peu de créations d’emplois (voire la nullité) alors que c’est une compétence essentielle de la communauté d’agglomération.
Et il est vrai qu’hormis le déplacement de certaines entreprises d’une commune à l’autre (qu’on nomme « créations d’emplois » ) comme SAFRAN, chaque rapport annuel constate une dégradation de la situation – au point que le plus grand rassemblement quotidien de salariés de la région mantaise ….. c’est à la gare de Mantes la Jolie qu’on le rencontre.
La raison en est double :
- Chaque commune perçoit chaque année une dotation représentant la différence entre ce que lui coûterait les compétences qu’elle a transférées et ce qu’elle percevait comme taxe professionnelle l’année précédant son adhésion à la CAMY.
C’est ainsi que Porcheville perçoit, à elle toute seule et chaque année 3 millions d’euros, autant que Mantes la Jolie avec 43.000 habitants du fait de la présence d’EDF.
Et qu’EDF Porcheville meurt, survive ou se développe, cela n’y changera rien puisque c’est devenu de plein droit une compétence communautaire.
Alors brusquement certaines communes sont devenues « écolos ».
Plus de bagarre pour maintenir l’emploi (comme Dunlopillo, STPM, FCI … à Mantes la Jolie).
Elle n’y ont tout simplement plus aucun intérêt financier.
Que ces entreprises déménagent ou pas, elles n’y perdront rien.
- Cette compétence étant communautaire, chaque création d’entreprise ne rapportera financièrement qu’à la CAMY.
Autrement dit, de moins en moins de communes voient d’un bon œil l’implantation de nouvelles entreprises.
Il est vrai qu’elles n’auraient à y gagner que des ennuis voire des conflits avec les riverains plus ou moins proches.
La CAMY va donc se contenter des zones prévues pour cela, engloutissant au passage des hectares de verdure pendant qu’on va inciter les communes à densifier leurs centre-villes au nom justement … de la préservation de ces hectares.
Autre question : mais d’où vient cette politique ?
Elle a été mise en œuvre par deux hommes politiques qui l’ont symbolisé : Messieurs Braye et Bédier en 1995 et dont le premier acte a été la transformation du District urbain d’alors en CAMY en 2000.
Elle s’est poursuivie en 2002 avec de nouvelles ambitions pour la CAMY (notamment un complexe d’hôtellerie d’affaires et un Palais des Congrès de plusieurs dizaines de millions d’euros – heureusement abandonnés depuis).
Et comme il fallait trouver des financements, on a instauré une nouvelle taxe des ordures ménagères (le coût de la collecte et du traitement des ordures ménagères était pourtant prévu dans les « charges transférées » en 2.000) d’abord récupérées à 25% en 2003, puis 50% en 2004 (soit autour de 160 euros par foyer qu’il soit ou non imposable).
On notera d’ailleurs avec intérêt qu’alors que la CAMY avait la possibilité d’augmenter la Taxe professionnelle (devenue CFU) pour les entreprises, elle ne l’a jamais fait.
C’est qu’à l’époque, Dominique BRAYE et Pierre BEDIER
marchaient la main dans la main.
Le parachutage de Poissy à Mantes de Pierre Bédier avait été négocié à droite : le poste de député, de conseiller général, de maire de Mantes la Jolie (qu’il cumula plusieurs années avec son siège de conseiller régional) pour Pierre Bédier, le poste de Président de la CAMY et le siège de sénateur pour Dominique Braye.
Ils étaient – et ils sont toujours – à droite.
Et c’est donc tout naturellement qu’ils mettaient en œuvre de concert la même politique …. avant que l’un ne marche sur les pieds de l’autre, autrement dit : que les ambitions personnelles ne les séparent.
Une séparation d’autant plus violente qu’ils avaient beaucoup partagé ensemble.
Et notamment en politique. Puisqu’ils partagent …. TOUT.
Monsieur Martinez est membre de l’UDI (centre droit « ex Borloo ») ?
Mais l’UDI, il y a quelques mois, a décidé de ne présenter aucun candidat à Mantes la Jolie … pour ne pas faire d’ombre à … Pierre Bédier (UMP) !
Alors docilement Aziz Senni est allé se présenter … dans l’Oise et certains ont tenté de contourner l’interdit en montant de prétendues listes « apolitiques » proposant pour l’emploi des mesures aussi audacieuses que d’organiser 4 fois par an des job-dating (c’est bien connu, les entreprises n’embauchent pas parce qu’elles ne savent pas qui sont tous ces chômeurs !) ou d’alléger les « charges » des entreprises.
Au bout du compte, que ce soit l’un ou l’autre,
c’est bien une politique de droite qui sera menée
avec à peu près autant de vice-présidents d’un clan comme de l’autre.
Et je maintiens que la gauche a mieux à faire que de faire pencher la balance de « la peste vers le choléra » ou le contraire.
Elle a du pain sur la planche pour démonter idéologiquement cette politique de droite plutôt que de l’approuver, pour écouter et surtout ENTENDRE les citoyens, et puis … agir – sur le terrain plutôt que dans les salons feutrés de la CAMY même si ceux-ci peuvent donner l’impression fugace du pouvoir.
Elle a du pain sur la planche pour, parce qu’elle aura enfin changé, parce qu’elle se sera enfin reconstruite, redevenir majoritaire sur notre territoire et mettre en œuvre la politique qui aura été approuvée par les citoyens.