Condamné pour détournements de fonds publics, Alain Juppé va dire le droit.
Désigné par le Président de l'Assemblée nationale (LREM), Alain Juppé va siéger au Conseil constitutionnel.
Une fois par semaine, chaque mardi, il va devoir avec ses compères examiner les dossiers qui lui sont soumis.
Oh pour une misère: un peu moins de 15.000 euros par mois.
On remarquera sans-doute qu'Alain Juppé n'a jamais été vraiment de gauche, ce qui n'a pas empêché Richard Ferrand, le Président de l'Assemblée nationale, député du parti du Président "à droite et à gauche" de le désigner (Le Conseil constitutionnel comporte 9 membres plus les anciens Présidents de la République de droit. Ses membres sont désignés pour 9 ans. Le Conseil est renouvelé par tiers tous les trois ans. Les trois membres renouvelés sont désignés par le Président de La République, le Président de l'Assemblée nationale et le Président du Sénat).
Alain Juppé qui, après sa défaite à la primaire de la droite en 2016, s'était rapproché d'Emmanuel Macron n'est pas un inconnu en politique … de droite.
"Droit dans ses bottes" comme Premier ministre de Chirac, c'est lui qui, de 1995 à 1997, a vu se mobiliser contre ses réformes (Cheminots puis loi sécu) une majorité de salariés … avant que Chirac ne le lâche de peur de perdre les législatives anticipées en 1997 … avant de les perdre effectivement.
Alain Juppé c'est aussi un symbole de "l'Etat RPR". Condamné en 2004 par la Cour d'appel de Versailles dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris à 14 mois de prison et à un an d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêts, il quitte brièvement la vie politique et s'exile au Québec pendant deux ans.
Alain Juppé, c'est aussi ce candidat à la primaire de la droite qui, en juin 2016, propose d'interdire les manifestations "en cas de menace évidente à l'ordre public" et qui vise directement la CGT et la mobilisation qui se renforce à l'époque contre la loi travail de Myriam El Khomri, ministre de François Hollande.
Pour revenir enfin au Conseil constitutionnel, c'est lui qui dit (qui interprète) si une loi est conforme à la constitution française et la censure éventuellement.
Ses membres sont-ils devenus brusquement tous neutres dès leur nomination ?
Poser la question, c'est y répondre.