NICE. Derrière l'émotion, regarder les choses en face
L'effroyable s'est à nouveau produit, cette fois-ci à Nice, avec son cortège d'horreurs.
L'émotion est immense et nos médias bien-pensants se sont à nouveau empressés de "l'exploiter".
Car, quitte à choquer, si l'émotion est légitime, en rester à cet état n'aidera pas à regarder les choses en face.
Nos médias nous ont ainsi très vite rappelé le Bataclan, Bruxelles, Magnanville, Orlando ... Oubliés les attentats en Tunisie, en Turquie mais aussi en Irak, en Syrie, en Lybie où chaque jour voit son cortège de meurtres beaucoup moins médiatisés en France il est vrai (parce que plus éloignés? Moins occidentaux?).
Regarder les choses en face c'est comprendre qu'aucun état d'urgence, aucun renforcement des peines, aucune vidéosurveillance et encore moins aucune interdiction de manifester n'empêchera un tueur décidé à se suicider en réalisant le plus de dégats possibles de frapper au hasard, hier avec avec un camion, demain avec un couteau ou une autre arme.
Regarder les choses en face c'est aussi tenter de comprendre et discerner les responsabilités.
N'est-il pas ainsi flagrant que ce soient les mêmes qui nous parlent aujourd'hui de "France en guerre", de constitution d'une milice d'état pudiquement camouflée par la "réserve opérationnelle" et qui dans les années 80 soutenaient les "combattants de la Liberté" qu'étaient les Talibans (parce qu'ils avaient l'éborme avantage, via la CIA, de s'attaquer à l'URSS), qui ont à nouveau soutenu en Syrie ces "nouveaux combattants de la Liberté" directement liés à Daesh, qui ont livré aux mêmes à coups de canon la Lybie, fermé les yeux sur les complicités de la Turquie et de l'Arabie Saoudite et qui continuent à se taire face au véritable génocide du peuple kurde (pourtant en première ligne en Syrie face à Daesh) dans lequel le régime d'Erdogan s'engage?
Pour eux l'émotion sert à cela: empêcher si possible de réflechir et surtout ne pas modifier un ordre mondial à conserver.
Regarder les choses en face, c'est tenter de discerner les responsabilités et donc, loin de "l'union sacrée" dans lequel notre gouvernement tente de nous enfermer, exiger que ce dernier modifie radicalement son action internationale.
Et c'est aussi réagir au plus proche.
Car là comme ailleurs les cris de guerre, les boucs-emissaires non seulement ne serviront à rien mais ne pourront qu'empirer la situation.
Dans notre pays où maintenant droite et extrême-droite puis parti socialiste tentent - chacun à leur tour - de nous convaincre qu'il faut être "un gagneur" dans une société capitaliste qu'il ne faut même plus rêver de remettre en cause, je crois au contraire que "prêter attention à l'autre", "prendre du plaisir à donner", la solidarité y compris dans la lutte (et je pense à la loi travail) sont des valeurs à faire vivre.
Elles n'empêcheront sans-doute pas tous les tueurs d'agir mais elles auront l'énorme avantage de les isoler et de leur retirer ce "terreau fertlle" que les va-t-en-guerre leur offrent.