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Le blog de Marc Jammet.

Situation grecque: débats au sein du PCF

12 Août 2015, 07:01am

Publié par Marc Jammet

EDT pour Vivelepcf, 16 juillet 2015

 

Mercredi 15 juillet, finalement, la majorité des députés et sénateurs communistes ont voté NON à la validation du nouvel accord UE/Grèce, quatre sénateurs s’abstenant.

La direction du PCF a corrigé sa position exprimée en début de semaine.

André Chassaigne, président du groupe GDR, avait alors annoncé publiquement son intention de voter OUI.

Dans son interview à l’Huma du 15, Pierre Laurent a également largement rectifié son communiqué du 13 dans lequel il saluait la signature de l’accord et se « réjouissait que la France ait joué un rôle positif aux côtés d’Alexis Tsipras ».

 

Comme de nombreux camarades, qui avaient exprimé leur réprobation depuis lundi (voir appel en lien), nous sommes soulagés de ce changement de position.

 

Un vote OUI aurait placé notre parti, un parti communiste, avec tout ce que ce nom signifie historiquement dans notre pays et à l’étranger, en porte-à-faux avec ceux qui refusent, résistent et luttent en Grèce contre les mesures antisociales d’une violence inouïe voulues par les capitalistes européens.

Un OUI aurait, en France, handicapé nos propres luttes contre l’austérité, prétextée également par Hollande et Valls au nom des déficits et de la dette publics.

Un OUI aurait donné une caution à la volonté de domination et au chantage exercé contre les peuples par l’UE du capital.

 

Toutefois, ce changement de position laisse en suspens

dans le Parti plusieurs questions importantes.

 

Depuis le départ, la direction du PCF, relayée par l’Huma, apporte un soutien inconditionnel, aveugle, aux positions et à la stratégie d’Alexis Tsipras en Grèce.

Les discours d’André Chassaigne et de Pierre Laurent à l’Assemblée et au Sénat le 15 saluent toujours « le courage et la responsabilité exemplaires » du premier ministre grec.

Pourtant, Tsipras a fait voter en Grèce le projet que nous avons refusé en France. Objectivement, Tsipras se trouve à faire passer un mémorandum encore plus gravement antisocial que les précédents sur lesquels il avait promis de revenir, pire aussi que le projet de l’UE contre lequel il a appelé à voter le peuple au référendum du 5 juillet.

Nos camarades du Parti communiste grec, le KKE, dénoncent depuis l’accompagnement de la politique des capitalistes grecs et européens par Tsipras.

Hier, 39 députés de Syriza et la direction de ce parti ont, à leur tour, désavoué le gouvernement de coalition de Tsipras et Kammenos (leader du parti de droite nationaliste xénophobe et néolibéral ANEL), Tsipras étant maintenant soutenu par ND et le PASOK, partis précédemment aux affaires.

 

Nous réitérons la demande de l’ouverture d’un large débat dans le Parti avec une tribune ouverte dans l’Huma, incluant, entre autres, une interview des représentants de notre parti frère, le KKE, dont les positions et les actions sont anormalement occultées dans notre journal.

 

Les déclarations de Pierre Laurent et André Chassaigne de lundi ont révélé également un décalage avec l’état d’esprit des communistes et de nos sympathisants.

Il est apparu à beaucoup ahurissant qu’ils saluent « un rôle positif » de François Hollande.

A ce sujet, certains, dont nous-mêmes, mettent en garde contre toute tentation de diabolisation des dirigeants allemands (coalition CDU-SPD que nous dénonçons évidemment), dont Mélenchon offre une caricature aux accents xénophobes.

L’impérialisme allemand, dominant, et l’impérialisme français sont parfois rivaux mais toujours alliés dans l’UE du capital contre les droits des travailleurs.

 

Les témoignages permanents des dirigeants du Parti, à l’unisson avec le PGE et Tsipras, d’attachement à « l’Europe » et même à l’euro, la volonté de ménager un espoir (une illusion) de « réorientation » démocratique et sociale de l’UE se heurtent aux faits.

L’UE et son premier instrument, l’euro, sont dirigés contre les peuples, cherchent à les opposer les uns aux autres, font le lit des partis nationalistes et d’extrême-droite.

Notre parti, le PCF, a-t-il eu tort de 1951 à 1998 de considérer qu’une coopération mutuellement avantageuse entre les peuples d’Europe n’est possible qu’avec une rupture avec ces institutions capitalistes ?

 

Le cas grec rend encore plus indispensable de reposer le débat dans le PCF.

 

Dans l’immédiat, le vote des parlementaires communistes français nous permet de réaffirmer à ceux qui luttent en Grèce, à nos camarades grecs, aux syndicats de lutte grecs (dont le principal, le PAME, proche du KKE), notre solidarité dans une période d’instabilité dangereuse pour tout un pays.

 

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