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Le blog de Marc Jammet.

120 ans après… Une offensive sans précédent contre les bourses du travail

16 Avril 2015, 08:46am

Publié par Marc Jammet

Depuis 2012, avec une accélération depuis les municipales de 2014, et plus encore ces dernières semaines, ce sont une vingtaine de Bourses du Travail, Maison du Peuples, Maisons Syndicales[1] en grand danger de disparition.
En cause, les choix faits par des municipalités souvent d’une droite réactionnaire… pas seulement, comme à Foix préfecture de l’Ariège où il s’agit d’un maire dit « de gauche ».
Dans la plupart des cas, au-delà du « coût » invoqué par ces édiles, il s’agit de réaliser de juteuses opérations immobilières.

Créations originelles et originales du mouvement syndical naissant dans la dernière décennie du Dix-Neuvième Siècle, les Bourses du travail deviennent vite des lieux de rassemblement, d’organisation, de construction du rapport de forces, de résistance à l’oppression capitaliste et aussi de lieux d’éducation populaire. Elles participent à part égale avec le mouvement corporatif à la naissance de la CGT en 1895.

 

Le mouvement ouvrier, encore faible à l’époque, s’est souvent adossé à des équipes municipales pour obtenir à titre gracieux les locaux nécessaires. Mais, le Mouvement ouvrier est resté vigilant pour conserver une libre gestion de ces lieux. A partir de 1944, ces bourses du travail ont été généralement partagées entre les différentes organisations syndicales reconnues.

 

Avec leurs bibliothèques, leurs salles de spectacles, elles ont catalysé un courant éducatif qui, au cours des années 1930 sera appelé l’Education Populaire. Elles préfigurent aussi ce que nous appelons aujourd’hui l’Économie Sociale et Solidaire.

 

Les Bourses du Travail, sont donc non seulement un patrimoine de nos villes, mais des lieux fondateurs de la vie sociale. Regrettons, sous les coups de la crise, de la désindustrialisation et d’une professionnalisation parfois discutable de ses activités, qu’au fil des années, un nombre trop important de Bourses du travail se soient vidées de leur sens initial, souvent devenues uniquement des lieux réservés aux activités syndicales au sens strict alors que la crise empêche beaucoup de travailleurs, de précaires et de privés d’emploi d’avoir accès aux champs culturels. La marchandisation de la culture abrasant trop souvent l’apport critique des connaissances.

 

Pourtant, à l’opposé, de Roubaix à Toulouse (elle aussi menacée) ou Bordeaux (réhabilitée), une grande partie des Bourses du Travail et Maisons du Peuple accueillent régulièrement des spectacles populaires et culturels, des conférences, des Universités Populaires, des réunions de soutien aux causes sociales et humanitaires et aussi de nombreuses sessions de Formation Economique, Sociale et Syndicale.

 

Elles demeurent donc un lieu irremplaçable pour la vie sociale et démocratique dans un pays qui en a grand besoin tant la démocratie sociale et culturelle est bafouée.

 

Face à ce danger de disparition annoncée, le Mouvement Syndical et le Mouvement Social dans leur ensemble sont dans l’obligation de se réapproprier cet héritage en ouvrant en grand portes et fenêtres, en bas comme en haut .Les Unions Départementales et Locales des Confédérations peuvent se mettre en capacité d’inverser la spirale mortifère que connaissent certaines Bourses du Travail

 

A elles d’ y prendre toute leur place ! Ainsi, toutes nos bourses du Travail pourront en rayonnant construire l’avenir, retrouvant ainsi la force de leurs missions au service des familles populaires.

 

Pascal Bavencove (Syndicaliste)

Pierre Outteryck (Professeur agrégé d’Histoire)

7 avril 2015

 

Pour soutenir et suivre la mobilisation pour la défense des Bourses du travail

 

[1] 23 villes répertoriées (non-exhaustif) dont 7 préfectures: Aubagne, Blanc-Mesnil, Bourg-les-Valence, Cergy, Chartres, Chateauroux, Duclair, la Foix-Garde, La Guerche-sur-l’Aubois, Golfe de St-Tropez, Mazamet, Nice, Pithiviers, Roche-sur-Yon, Romans-sur-Isère, Saint-Ouen, Saint-Quentin, Toulouse, Trélazé, Vigneux,Villejuif, Viry-Châtillon.

 

120 ans après… Une offensive sans précédent contre les bourses du travail
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